8 MAI 2013

ça y est , voilà les photos du 8 mai sans tri , désolé des doublons.
il suffit de visionner là:
https://plus.google.com/photos/107086414001242270769/albums/5925677234537468945?banner=pwa
les photos sont de Véronique Brill, Serge Mercier, Rodolphe Soucaret, Emmanuelle, Marito, Gérard, Gilles.....Merci à vous tous.
MERCI ,  BARKA, THANKS, GRACIAS....
 Il est beau notre blog!
Vous pouvez m'envoyer vos envies d'écrire pour Jean Louis.
Continuons jusqu'au 8 mai à
 envoyer ,
 écrire ,
 lire,
Partager le deuil ensemble.

Ce blog permet à chacune et chacun de s'exprimer sur Jean Louis avec des textes , photos, dessins.
l'olivier où les cendres seront dispersées
Le 8 mai 2013 , nous nous retrouverons à Puymichel ( photo ci contre). Des performances auront lieu, nous boirons, et parlerons de Jean Louis , de son importance pour chacune , chacun et comment on poursuit le chemin allègrement.  Je veux bien coordonner l'ensemble.
Pour le moment voilà un cadeau de Jean Louis: la lecture de son dernier livre.
Vous pouvez donc le télécharger gratuitement sur votre ordinateur en format pdf , ou sur une liseuse genre ipad, kindle, sony, archos.....
Si ça vous plait et que vous souhaitez l'avoir en papier avec en plus un portfolio contenant des reproductions d'oeuvres, vous pouvez souscrire en ligne au pot commun. Le but est d'imprimer le livre pour que chacun ait participé à sa sa naissance et l'ait le 8 mai.

souscrire auprès du pot commun:  www.lepotcommun.fr/pot/lgH1hC2W

Voyage initiatique 1961


A la memoria de Jean Luis Marcos de su primo Carlos

Con mi primo Jean Louis no fue, de todos los componentes de mi querida
familia de Francia, con el que mas contacto he tenido a lo largo de la vida, pero por
él sentía un afecto diferenciado dada la especial relación, que al menos
para mi, tuvimos en aquel lejano verano de 1961 en que viaje, desde
Madrid, con mis tíos y primos, a Francia.

Jean Louis, era el primo de mi misma edad, había otros 3 algunos años
mayores y uno 2 años menor, mucha diferencia en esas edades. De esta
forma nos convertimos, como decimos aquí, en “compañeros de fatigas”
de aquel verano, que para mi fue ciertamente de iniciación.

Para un joven de catorce años, que no había salido del ámbito familiar, en
un país como la España de principios de los 60, este viaje fue “mágico”;
en aquellos años pasar la frontera de Francia desde España era cambiar
de mundo, la gente era diferente, vestía distinto, los coches, las casas, las
carreteras (las había de pago¡¡¡¡) nada que ver con lo poco que yo conocía
de mi país ; vi por primera vez el mar, estuve en las playas de Grau de Roi,
viviendo en la caravana y en tienda, montamos a caballo en la Camarge,
fuimos a Antibes, descubro Picasso para mi hasta entonces un perfecto
desconocido,Nimes, Toulouse,….; tuve conocimiento de cantantes tan
diferentes como J Holiday o Petula Clark que vimos en una actuación en
directo; después la casa de Aubin, allí aprendí a montar en bicicleta, la vida
cotidiana de jóvenes franceses de mi edad, las chicas, y muchas otras cosas.

En esta cascada de nuevas y en muchos casos fascinantes e incompresibles
experiencias, el confidente, el cómplice, el intérprete de primera mano,
fue Jean Louis. También tuvimos algunas peleas y enfados, recuerdo
algún enfado por mi incapacidad de pronunciar adecuadamente el francés
que constantemente se esforzó para que aprendiera. Todo ello está en mi
recuerdo.

Después alguna visita a Madrid, hace más de 20 años donde recorrimos
algunos museos y exposiciones, en las que disfrute de sus conocimientos
y sensibilidad en unos temas que aunque me resultan de interés soy lego.
También recuerdo mi visita a su casa de Marsella de paso en un viaje
hacia Africa.

Nos vimos en febrero del año pasado en la celebración del centenario de su
padre. Cuando nos despedimos, creo que los dos éramos conscientes de que
con mucha probabilidad no nos volveríamos a encontrar.

Nos quedó pendiente algo, el viaje a los pueblos de la Mancha y Córdoba
de donde eran originarios nuestros abuelos. De alguna manera no
dejaremos de hacerlo.

Carlos Moreno

Madrid, abril de 2013

"Si la voix faiblit , nous périrons"




C'était dans les années 80, Je vivais à Aix; J'étais un jeune illustrateur, amoureux de BD. Jean-Louis m'avait écrit un scénario de bande dessinée (mon premier) qui racontait, (déjà)- l'histoire du combat du Commandant Massoud. J'étais trop jeune pour porter ce projet au bout. Les souvenirs de tous ces moments passés avec Jean-Louis autour de ce projet me sont restés gravés pour toujours. Il y avait chez lui une grande présence teintée d'une sentiment de rêverie incernable. Une forme de délicatesse au monde. Absent du Sud pendant des années, c'est sur le site de la Galerie Alain Paire, que j'ai découvert qu'il était allé écrire d'autres phrases, là-bas, là-bas. Peu à peu, les années avançant, nous devenons les "gardiens de la mémoire" de tous ceux que nous avons aimés. ""Si leur voix faiblit, nous périront " -disait Eluard.  Avec le temps qui avance naît parfois ce sentiment étrange et ce joli poids de devenir gardien de la mémoire. Le besoin et l'urgence de faire circuler le nom d'un être qu'on a aimé, l'urgence à raconter qui il était. Vouloir redonner un corps au souvenir qu'on a d'elle ou de lui, engendre cet espoir, sans doute illusoire que la magie des mots prolongera sa vie, offrira quelques instants de bonus.Jean-Louis Marcos est parti regarder "d'autres images", vers d'autres terres. Je suis heureux de prononcer son nom, JEAN LOUIS MARCOS comme il me semble
qu'il est important de prolonger un peu l'épaisseur et la richesse d'une vie de réalisateur de films mais aussi d'auteur et de passeur infatigable de culture.

Didier Zuili

le frangin de Jacques Tati


Légèrement incliné, le pas mesuré, il se redresse, se déploit pour comtempler, observer avec une  curiosité singulière…
Cette silhouette se déplace avec l’inclination d’un jacques Tati.
« Marcos,… Marcos, … », Anne vient d’appeler son ami.
Ce frangin de Jacques Tati c’est donc Jean Louis que je rencontre alors pour la première fois.
… Et…
Tu tenais tant à ce bien précieux des philosophes, la marche, qui développe dans le même mouvement le pas et les idées.
je t’ai connu, un peu, tes trois dernières années. Tu apparaissais comme tu disparaissais, discrètement, mais sans oublier au temps du départ de demander la route, chaleureux rituel. Dans le tumulte des derniers temps je réalise que tu n’as cessé de demander ta route... Tu préparais ton grand départ en appréciant en même temps que l’on te retienne un peu. Et pourtant ton dernier départ restera marqué du sceau de la soudaineté. Il m’a laissé sans voix.
Et il me reste à l’esprit la dernière photo de ton blog, comme une dernière trace de toi comme, un dernier souffle en suspension dans l’air. Ces volutes de fumée de couleurs s’évasent en bouquet… La photo fixe un instantané d’éternité, un envol suspendu.

Salut Jean Louis


coucher de soleil

Le soir, chez nous, on était à table , sur la terrasse face à un très beau coucher de soleil. Il parlait de sa mort proche et envisageait de prendre des cachets . Pascale a eu l'idée de les  prendre  le soir  pour quitter ce monde en même temps que le soleil se couche avec un beau ciel.  Il nous a dit alors que l'art n'a rien à voir avec la réalité: des milliers de gens ont voulu montrer les couchers de soleil et le résultat est toujours misérable par rapport à la réalité.
Jean Louis et Pascale en septembre 2011

 Il est mort la nuit dix jours après d'un arrêt du coeur, épuisé par le cancer.

proxintimité

J'ai rencontré JL à l 'occasion d'un vernissage dans une jolie chapelle des Cévennes.
L 'endroit était totalement occupé par des oeuvres qu'il donnait à voir chez lui et ses amis. Je n'ai malheureusement pas eu cette occasion.Cependant me pointant devant un tableau (photo) 

je pouvais lire: "Cette peinture est la première chose que je vois quand je me réveille le matin. Depuis environ 30 ans elle est accrochée en face de mon lit" et là cette étrange sensation d'avoir partagé un instant le lit de cet inconnu assis au bout de l'expo a qui je n'ai encore pas parlé.
Gêné, j'ai vu JL la première fois "de son lit".
Flatté, j'ai vu JL la dernière fois (cette même journée au restaurant) assis à ses côtés sur le Siège périlleux arthurien.
Brink's

Préface de l'abécédaire turlupin

Il y avait en lui quelque chose de perpétuellement mobile : Jean-Louis était intrinsèquement mince, on ne pouvait pas imaginer qu'il puisse prendre du poids. Une silhouette longiligne et un type de réflexion immédiatement identifiables, une façon de marcher et de s'éloigner qui n'appartenaient à personne d'autre. Des haussements d'épaules, des moues, des sourires, des rires et des colères. Une élégance native, des mouvements d'une grande gentillesse, de la joie, du respect et de l'attention, beaucoup d'humour et pas mal de secrets. Une solitude, des paroles et des gestes qui signaient une manière de surgir et de déranger à nulle autre pareille. Jean-Louis Marcos proférait volontiers une phrase d'Albert Camus qui savait parfaitement qu'on "est responsable de son visage"

Il venait de Carmaux, la ville de son enfance et de sa jeunesse : on pressentait chez lui tout un faisceau d'indices qui évoquaient d'autres territoires, le Languedoc ou bien l'Espagne. Le mois de mai 1968, les années de découvertes et de turbulences qui suivirent avaient achevé de forger quelques-uns de ses réflexes, un refus profond de tout ce qui pouvait être inerte et implacablement injuste au sein d'une société. Ses appartenances, ses références, ses points de vue et ses amitiés étaient multiples : Londres, Paris, les Cévennes et puis surtout l'Afrique étaient des souvenirs et des destinations qu'il évoquait souvent. 

Entre Aix et Marseille, au milieu des années quatre-vingt, la rumeur nous était rapidement parvenue, nous l'avions aperçu, nous avions voulu le rencontrer parce qu'il signait deux fois par semaine, la chronique des arts plastiques duProvençal, un journal qui ne nous avait pas habitués à fréquenter des plumes et des gens à ce point talentueux. J'essayais de ne jamais rater son papier qui paraissait "toutes éditions", le dimanche matin. Sa chronique pouvait faire penser à Alexandre Vialatte : on trouvait dans ses articles d'incroyables digressions, beaucoup de mordant, d'impertinence et de passion, de l'humour et du laconisme. Ce qu'il parvint à livrer dans ce quotidien, ce fut un véritable exercice de funambule : ses compétences et son insolence furent exceptionnelles. 

Dans le texte qui vient d'être imprimé, c'est une vraie joie de pouvoir retrouver quelques-unes de ses réparties, ses inimitables retournements de situation. Par exemple quand il écrit qu'aujourd'hui "le postmodernisme est partout, jusque dans le harnachement de l'alpiniste en rappel", ou bien quand il situe l'art comme un "devoir permettant de maintenir la cohérence du monde"Après cePetit Abécédaire turlupin de fine venue, il ne faudra pas manquer de réunir ses chroniques du Provençal dans les feuilles d'un nouvel ouvrage. On retrouve sa manière de dire, la qualité et l'indépendance de ses informations dans 7.000 articulations, les chroniques de blog qu'il aura livrées sur internet en 2011, avant de devoir se taire.


Pendant ses dernières années, je n'ai pas souvent rencontré Jean-Louis Marcos. Des amis proches me disaient les soucis qui l'habitaient, sa santé qui déclinait. Il apparaissait soudainement. Il venait regarder des expositions que j'affectionnais, avec détachement et attention. On ne pouvait pas prévoir ses réactions, pas plus que ses silences. Il hochait la tête ; il pouvait être injuste, ou bien merveilleusement enthousiaste. 

Je me souviens d'un film qu'il avait réalisé autour de la galerie Athanor et de Jean-Pierre Alis : je le revois parmi les platanes, déambulant sur une petite place de Céret, échangeant des mots avec Jean Capdeville. Richard Baquié fut l'un des artistes dont il regrettait profondément la disparition. D'autres sauront dire ses passions et ses audaces, ses amours et ses affections, sa famille et sa solitude, toutes sortes de déplacements et de péripéties qui ne finissaient pas toujours bien. Je crois l'avoir aperçu une dernière fois à Marseille, rue Sylvabelle, dans la galerie de Bernard Plasse, pour une exposition qui conviait Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton. 

Mardi 2 octobre 2012, en fin de matinée, nous étions nombreux au crématorium du cimetière de Marseille, pour venir lui dire adieu. Il m'avait raconté avoir assisté une vingtaine d'années auparavant à une cérémonie identique, au même endroit, pour une artiste-peintre qui s'appelait Hélène Gava. Nous avons écouté des chants en espagnol et puis Brassens se souvenant des funérailles d'antan. Nous avons beaucoup aimé que son frère Kaïto ait choisi de citer l'ultime superbe sentence de cet Abécédaire sans dogme ni révérence, dans laquelle Jean-Louis écrit avoir choisi Frank Zappa "parce qu'il a déclaré "L'esprit, c'est comme un parachute : s'il reste fermé, on s'écrase".

Jean-Louis, merci pour ton désintéressement, ta mélancolie et ta liberté. Merci infiniment pour ta noblesse, ta drôlerie et ton intelligence.

L'espace du dedans


1959 ou 1960, année où je pense avoir rencontré Jean-Louis pour la première fois.
Invité dans leur maison familiale d'Aubin par son petit frère Caïto, mon ami d'enfance, sortis ensemble des mêmes promotions de maternelle et de primaire de l'école du Gua, avant de rejoindre le grand lycée de garçons F.Foch de Rodez, capitale de l'Aveyron, où Jean Louis nous avait devancés.
Rencontre dans un contexte de lutte des classes entre moi, fils d'immigrés d'Europe centrale et de mineur habitant le bas du quartier du Gua d'Aubin et Jean Louis,  fils de l'Ingénieur Architecte des Mines HBA, habitant la Cité des Ingénieurs dans les Hauts d'Aubin.
Croisements dans la maison familiale Marcos, espace très chaleureux et harmonieux, remplie de l'amour de la mama andalouse et de l'esprit créatif du père madrilène, réfugié républicain.
Rencontres épisodiques ensuite pendant nos parcours « secondaires » à Aubin et Rodez puis, à partir de 1963, à Carmaux où il avait déménagé avec sa famille suite à la fermeture des mines d'Aubin.

Notre complicité a commencé lorsque, allant à Carmaux venant d'Aubin pour voir Caïto, je campais parfois au parc de la Reynerie où Jean-Louis m'y apportait  souvent de la nourriture dérobée dans le frigo familial.
Notre amitié s'est forgée ensuite durant nos premières années étudiantes, dans l'appartement de Jolimont à Toulouse où Jean-Louis, Caïto, moi même et d'autres (Pollux, Jeff, Gérard, etc) avons « fait mai 68 », commencé à enterrer la hache de la lutte des classes,  géré la transition pré - post 68arde et « libéré le Larzac». C'est à cette époque toulousaine que Caïto, moi et d'autres avons commencé à l'appeler  plutôt « Averell » que Jean-Louis, par analogie avec le  grand frère Dalton pensant tout le temps à la bouffe; 

http://www.toutspirou.fr/Spirou_anime/Averell.gif

Puis nous avons participé aux prémisses, alors faciles et conviviales, de la mondialisation : l'Angleterre en 68 Jean Louis et moi, en 69 (année érotique) trip US pour moi, Angleterre en vélo pour Caïto, et Syrie(?) pour Jean-Louis,  Afghanistan en 72 (moi, Caïto), 73-74 séjour «enseignant» en Côte d'Ivoire avec Jean-Louis et Caïto à M'Bahiakro, moi et Pierre à Bongouanou,...
Un jour où nous parlions de nos multiples sujets d'intérêt, de nos dispersions et  de ce que nous allions faire de nos vies, au moment où dans notre entourage certains  commençaient à tracer leurs sillons de vie familiale et/ou professionnelle, Jean-Louis m'a dit : « Notre spécialité sera la polyvalence. »
C'est, je crois, ce que nous avons fait, chacun dans des registres différents.

J'arrête ici la chronologie d'un temps qui n'existe plus ou qui existera toujours, du temps qui n'existe pas et qui probablement n'a jamais existe. Je voudrais maintenant dire, en vrac, tout ce que Averell  m'a apporté,  m'a donné, a fait germer en moi :
une sensibilité artistique, poétique et spirituelle qu'il aurait été difficile pour un fils de prolo immigré et matheux comme moi de développer bien loin tout seul,
un récit «averellesque» mais cohérent sur l'art,
un minimum de bagage culturel que ni ma famille ni l'école ne pouvaient me donner et dont j'avais besoin pour voir le monde autrement que scientifiquement ou économiquement,
et surtout, des amorces de pistes que son intelligente curiosité (pour « faire l'Averell» je pourrais dire aujourd'hui sa sérendipité) me/nous signalait souvent.
C'est ainsi que Jean-Louis m'a fait découvrir les « Fragments d'un enseignement inconnu » de P.D. Ouspensky, enseignements ésotériques de G.Gurdjieff, le « Tao te king » de Lao Tseu et Henri Michaux. Lui est ensuite passé à autre chose mais les œuvres de ces trois auteurs ont insidieusement infusé dans ma vie avant de l'orienter inexorablement et profondément dans ma pratique du bouddhisme zen.

Jean-Louis et sa période livres de voile (en particulier ceux de B.Moitessier) qui, régulièrement au café des Platanes, nous promettait de passer prochainement le Cap Horn.

Picasso et son père, Picasso et Jean-Louis.
Averell et ses très beaux dessins, pendant son adolescence et un peu après, dont il refusait les compliments pour affirmer qu'il n'était pas un dessinateur mais un écrivain.

Jean-Louis l'élégant, Jean Louis le dandy, avec son blazer croisé bleu marine, serveur classe en 70/71 au restaurant américain du tout nouveau Drugstore installé à Toulouse.

Jean-Louis le séducteur, à M'Bahiakro, de la sexy Dominique. Puis, alors qu'elle vient de le quitter, il vient avec elle et Caïto pour la fête  que  Pierre et moi-même organisons pour nos anniversaires à Bongouanou.
Petits meurtres entre amis.
Dominique se laisse séduire par moi et nous rentrons ensemble d'Abidjan à Toulouse par le Sahara avant que cela se termine  entre nous deux par une berezina sentimentale et des retrouvailles entre elle et Jean-Louis à Aix en Provence et ... une traversée du désert entre Jean-Louis et moi.

Jean-Louis l'esprit libre m'offrant, pour mon 50ème anniversaire, une édition rare de poèmes de St John Perse qu'il n'aimait pas trop mais savait que j'appréciais. 


Jean-Louis, pour mon 60ème anniversaire, m'entourant de rubans de papier adhésif tout en récitant des extraits de « Plume » :

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire: me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie" (Henri Michaux)

la pointe rouge juillet 2012
Juillet 2012 : visite de Kaïto et moi même à Marseille. Jean-Louis nous propose un petit resto à la Pointe rouge, après avoir voulu louer et conduire lui même une voiture d'autopartage et payer son repas. Opulence financière (pour lui) depuis sa retraite. Paisible et harmonieuse journée ensoleillée de trois vieux amis.
Septembre 2012 : notre dernier voyage ensemble, Jean-Louis, Kaïto et moi, de Prades à Marseille.
Jean-Louis très fatigué, assis sur une chaise, nous donnant les consignes pour décrocher, commenter, annoter puis emballer les œuvres d'art de son appart. ; tous ses livres sont déjà dans de nombreux cartons rangés peu avant par Pablo.
Tout l'univers extérieur de Jean-Louis projeté dans l'espace de son appartement,  toute sa beauté intérieure ainsi déployée, petit à petit concentrés.
L'espace du dedans...
Jean-Louis lucidement, minutieusement, amoureusement, démonte, classe, commente, regarde une dernière fois puis nous fait ranger tous les éléments de  l'architecture de son esprit.
Après l'expansion retour à la concentration avant le nouveau passage étroit...
Mission accomplie sur notre petit vaisseau Terre.

Photo d'une des œuvres accrochées sur le mur de son appartement, servant maintenant de page d'accueil de mon téléphone mobile :

Respect Jean-Louis !

I shin den shin,
Joël

Exposition d'1 partie de sa collection.



Vernissage à Sainte Croix vallée française. Jean Louis , malade, dit : à Marseille, ya jamais autant de monde à un vernissage d'art contemporain. Il dit aussi à son amie Véronique d'exprimer son émotion. 
 Au bord la rivière , personne ne voulait partir. On a donc apporté le vin sur place et on est resté, émus, heureux d'être là.

Georges Guye met la jambe




Jean Louis MARCOS est mort le vendredi 28 septembre dernier.
Vous ne verrez pas ce soir la haute silhouette élégante, chapeautée d’un panama ou d’un feutre marron à large bord, saluant Un Tel, esquivant Un Autre mais prenant son temps pour regarder les sculptures et les peintures exposées.
La fréquentation des œuvres d’art, c’était la coterie qu’il s’était choisie. S’il suivait avec constance les travaux des artistes de sa génération, il adorait découvrir les jeunes artistes dans leur atelier.
Bien sûr, il s’intéressait à la matérialité de l’œuvre et à ses significations, mais je crois que ce qui lui plaisait le plus c’est le tremplin qu’elle lui offrait pour retrouver ses références préférées : archéologiques, mythologiques, historiques, géographiques…
Quand on engageait la conversation il ne tardait pas à rejoindre les peintures des Grottes de Lascaux ou d’Altamira, les sculptures africaines ou les peintures aborigènes.
Mais c’était après coup, dans ses articles, qu’il donnait l’ampleur de sa sensibilité et de son aisance de cosmonaute de l’espace artistique.
Aussi c’est avec surprise puis jubilation que je découvrais les fulgurances exotiques élaborées à partir de mes sculptures que pour ma part je trouvais réalistes et ancrées dans la vie quotidienne.
JE CITE : « Georges Guye est un artiste qui met la jambe. »
« La sculpture Rolling Stone est une grande sculpture érotique. Depuis que je la connais je la surnomme « la Grande Foufoune Duchampienne ».
« Les sculptures « Corps à Corps » sont la poursuite d’une ancienne tradition de l’histoire de l’art. Il existe en effet des peintures rupestres de lutteurs qui ont 5000 ans, dans les cultures d’Akkad et de Sumer. »
« Ainsi Georges Guye fait-il remarquer que ses érotiques n’ont aucun problème de stabilité au sol non plus que de socle. EROS se passe de socle, il est le socle du monde. »

Pour en savoir plus sur ces raccourcis vous pouvez consulter le petit recueil de textes disponible dans la galerie.
Nombreux sont les artistes et les amis ici présents qui pourraient témoigner d’autres de ces exercices de haut vol que Jean Louis exerçait sans filet.

Jean Louis nous accompagnait souvent dans nos balades dominicales sur les sentiers du Mont Olympe et de la Sainte Victoire, dans les collines du Contadour et de Puimichel. Il marchait pour le plaisir, plan-plan, en véritable épicurien.
Il trouvait toujours un copain compatible avec sa passion pour les Dogons, un autre pour partager son enthousiasme pour les dernières découvertes archéologiques valorisant la civilisation gauloise, un 3ème à qui narrer une de ses nombreuses conquêtes féminines ; un autre enfin à qui communiquer ses recettes sur la « queue de toro en gelée » ou les « anchois au vinaigre ».
Au casse croûte, il adorait partager le délicieux gâteau au chocolat qu’il avait cuisiné la veille et artistiquement coupé en petits pavés, qu’il distribuait avec l’onction de qui présente l’hostie.

Il excellait dans les performances présentées à l’occasion des fêtes d’anniversaire.
Je me souviens de « l’enlèvement de Galatée » mis en scène avec Laurence Michoulier, Max Sauze et Géo Viale.
Je me souviens de ce conte d’après Roland Dubillard qu’il avait mis en images : « La Poire, Georges et la Fourmi ».
Je me souviens aussi de ce texte mélancolique sur la mort.
Il disait qu’on n’élève jamais assez le niveau et qu’il ne fallait pas avoir peur de faire long et un peu chiant.

L’évocation de ces souvenirs personnels ne doit pas oblitérer ses activités professionnelles talentueuses et attachantes : ses articles dans le Provençal dimanche, ses chroniques de blogueur « 7000articulations », ses films de la série « Palabres » réalisés avec Alain Duffaut.
Pour en savoir plus, je vous dis : A vos Ipod et autres Ipad.
Pour moi ce sera tout pour aujourd’hui.
SALUT A TOI JEAN LOUIS.

Vauvenargues le 13 Octobre 2012 – à l’occasion du Vernissage de l’exposition « Paysages et Broussailles »

Jean Louis et la famille

texte nouveau
Des fètes de familles avec performances souvent

jean Louis était attaché à sa famille et ne ratait aucune fête.

L'art , l'artiste, le vernissage, 50 artistes répondent

Petit cadeau de Jean Louis, son film l'art, l'artiste, le vernissage, 50 artistes répondent est sur internet ( daily motion):
http://www.dailymotion.com/video/xy0a3w_l-art-l-artiste-vernissage-50-artistes-repondent_creation#.UTer1o7ijf4


Marseille, MUCEM


MOCEM
Avec toi là-bas, la première fois
5 Décembre 2010
tu dis que tu aimes venir ici,  les expos pas toujours
dehors,

le port autonome , l’histoire de ce lieu... tu me montres


Accoudés, nous respirons, le sel et les grues en lumière suspendent l'horizon






Ce gros bonbon posé dans le gris de décembre
nous l'avons regardé avec plaisir

Projet habitat groupé MAS21

Au départ, je n'avais pas de sympathie particulière pour Jean-Louis. En le rencontrant autour de notre projet d'habitat groupé intergénérationnel Mas 21, je le trouvais grande gueule, presque un marseillais caricatural, comme lui-même semblait pourtant les éviter ! 
Et puis un jour, il est arrivé avec un projet de film : il nous interrogeait sur nos attentes vis à vis de ce collectif, de l'habitat groupé etc. Il était alors attentif, nous mettant à l'aise de façon bienveillante et presque pour le coup avec une certaine pudeur. Dans mon souvenir, il a fait le montage très rapidement, il nous l'a présenté un soir et ce fut un succès. J'ai découvert Jean-Louis : un œil, une écoute, un humour bien trempé et finalement une sacrée dose d'auto-dérision. Il sentait l'urgence de ce projet Mas 21, il était là à toutes les sessions, bien engagé. J'ai aimé une soirée pendant laquelle, Joël, Kaïto et lui nous racontèrent des histoires de leur enfance commune. Et puis ça m'a fait très plaisir de savoir que les mêmes se soient retrouvés ensemble pour raccompagner Jean-Louis à Marseille. Je pense depuis à ce dernier voyage, leurs utopies, leur tendresse, leurs vannes, leur fraternité, leur poésie, leur art de vivre et de mourir. 

La sirène du Mékong


J’ai aimé Jean-Louis longtemps, encore maintenant, pour toujours. Le Griot, il me l’a appris.
Nous avons vécu de superbes moments à Marseille. Il m’a appris tant de choses, et sur l’art contemporain. Il était une bibliothèque permanente, une connaissance incroyable, une intelligence fine, un séducteur subtil.
Il a refusé ma demande en mariage. J’ai quitté Marseille. Nous sommes restés proches. Je suis revenue pour fêter nos anniversaires en mars 2009. Et puis, il n’a plus voulu que je vienne le voir malade.
Je me délectais de ses 7000 articulations, de son amour pour les artistes.
Il est dans mon cœur. Ma vie continue avec ce qu’il m’a appris. Il m’appelait Mékong. La sirène du Mékong ne s’éteindra pas, en son honneur, elle durera.
Il a aimé ce rapprochement, les échanges avec son père, cette réconciliation tardive et leurs échanges sur sa vie. J’espère que vous les éditerez. Sa famille : il vous aimait tous, tellement. Il me parlait de vous affectueusement. Nous deux, sans enfants, vous étiez le lien de la vie.
Comme j’aurai aimé que le Mas21 voit le jour ; j’aurai vécu avec vous et Jean-Louis, un ami à mes cotés.
Jean-Louis avait la hantise de l'échec. Il était jaloux de la réussite des autres : tout en disant m’aimer, il me mettait des bâtons dans les roues. Il se lassait des gens assez vite, de la répétition. Un jour il m’a dit « je n’ai plus de désir de toi Mékong » et zou ! Mais de tous mes amants, cette explication de rupture a été la plus juste, la seule à laquelle je ne pouvais demander d’explication.
Je l’ai tant aimé, aux champignons, aux coings, dans sa cuisine avec l’encre des poulpes, ses pic-nics savoureux au parc Borély, son regard sur moi lorsqu’il était amoureux…Il souriait devant le paysage désolé des Cévennes et son silence, une belle patate douce et la jupette d’une jeune fille, devant une graine qui devient fleur. Depuis sa mort, le vert africain me saute aux yeux, son salon changeant, son jardin intérieur, ses objets posés à une place précise, cette vidéo magique qu’il a faite sur ses amis artistes…Je me baignais la nuit, sous son bienveillant regard, inquiet lorsqu’il me perdait de vue. Nous nous invitions à diner chez nous. Il me vouvoyait pour m’aimer. Je pensais tant que nous aurions de jolies discussions animées au coin d’un feu, plus tard, complices. Je pleure sur moi égoïstement, sur mes vieux jours sans lui. Je résiste à son orgueil, à sa mélancolie, à un émerveillement suivi d’une déception.
Jean-Louis avait raison de vivre au 5ème étage. C’est moi qui m’essoufflait au 4ème : malgré nos essais communs, je n’ai pas arrêté de fumer, lui si, et il était déjà affairé dans son bureau, son Mont-blanc à la main, lorsque je fermais la porte en toussant. La vie est une sévère injustice, mes poumons restent limpides.
Je vous embrasse. Lolo Mékong




Instants magiques


Je n'ai pas de photos avec jean louis, mais ma mémoire est ponctuée de quelques (trop rares) images, instants, lieu avec lui.
Comme des traces qui semblent s'estomper mais qui ne disparaissent jamais et qui me rappellent toujours des instants magiques.
Au Burkina : sa façon de charmer la femme du chef de gare de Sibi, cette "pintade sauce à l'ail" au bord de la piste chez un libanais ou notre "danse de la pluie sous les tropiques" dans le jardin des maisons jumelles à Koudougou.
A Marseille : au balcon de La Caravelle ou chez Hartmut Bosbach dans les docks, autour d'une paella entouré "d'électroménagers vivants".
A Bagnoles : chez mes parents où ma mère m'avait dit, en parlant de lui, "quelle classe, quelle élégance" (il avait ôté le chapeau pour la saluer ! ).
A Venise : ou ses conseils m'ont guidés vers Torcello, vers l'église de Sant'Alvise : des lieux magiques.
Sur son blog : où je me précipitais toutes les semaines.
Vallée Française : un anniversaire de Caïto ou "il distribuait des morceaux de son gâteau au chocolat, comme on offre une hostie" (ce n'est pas de moi, mais c'est tellement vrai ! ) puis cet été au Temple de la Boissonnade sa présence si émouvante et enfin ce dernier repas à Sainte Croix, ou il n'en revenais pas de ne pas s'être assoupi, et ce conseil de ne plus tenter le diable sur les piste mauritaniennes et maliennes .... 
Nous serons le 8 à Puimichel, bien sûr .............

Carmaux ou le rêve socialiste



Je reviens de Carmaux (peut-être pour la dernière fois) pour l'enterrement de ma mère.
Cette ville minière terreau du rêve socialiste, patrie de Jean Jaurès, aujourd'hui abandonnée et sinistre ne l'a pas toujours été.
Dans les années 60, nous étions nombreux, jeunes, politisés, cultivés, contestataires, et nos ainés prompts à la grève déclenchaient des mouvements sociaux dans toute la France !
C'est dans ce contexte vivifiant que j'ai connu Jean-Louis que l'on surnommait Averel.
J'étais d'ailleurs le seul à Marseille à l'appeler ainsi et notre complicité "d'exilés" venait de ce lointain vécu commun.
Ici, à Marseille, nous nous croisions fréquemment dans les vernissages et les diverses manifestations artistiques et poétiques où Jean-Louis était reconnu, apprécié et craint parfois pour ses jugements définitifs.
C'est ainsi que j'ai su, de la bouche de plusieurs amis communs, qu'il m'aimait bien, mais (il eut la franchise de me le dire) ne comprenait pas mon travail de sculpteur : il pensait (c'était son mot) que mon boulot était "soviétique" !
Je comprends cette approche, la lourdeur de mon travail l'autorise, mais je crois aussi que son appréciation était parasitée par ce qu'il savait de mes origines de classe et mon passé carmausin ...
Il manque à tous les copains, dans cette ville qui se fout de tout et où, si vous disparaissez 15 jours, vous n'avez jamais existé.
Au moins il ne verra pas le fiasco de Marseille Provence 2013 ! ... Mais nous, malheureux que nous sommes, si !
Adieusiatz, Averel !

JF Coadou

Jane et Jean Louis


Voici quelques photos. Celles qui sont en noir et blanc sont choisies parmi les tres peu d’images que j’ai des annees 75-82, passees ensemble a Aix. On n’avait pas d’appareil photo ni l’un ni l’autre, par contre on aimait bien les photomatons.
























Les autres viennent des annees 94-99, ou on se voyait soit a Londres, soit a Marseille, ou venait aussi quelques fois mon fils Edward.































C’est infiniment triste que Jean-Louis ne soit plus là. Les mots me manquent, aussi bien en anglais qu’en francais, pour exprimer tout ce qu’il m’a apporté et la reconnaissance que j’ai à son égard.
Qu’il repose en paix.

Frontière en douce



En septembre 94, en pleine guerre civile en Algérie, Jean-Louis vient avec 2 copains, réfugiés algériens.
L'un des 2, Kamel nous raconte que sa femme Nadia est à Paris, que leur fille, Yasmine âgée de 5 ans, est encore en Algérie chez sa grand-mère et qu'ils ne savent pas comment la faire rentrer en France.
Tristan, mon fils ainé avait exactement le même âge que leur petite.
Nous proposons à Kamel de venir s'installer chez nous avec Nadia. Nadia était enceinte de quelques mois. Après  de 2 mois d'efforts  pour tenter de la faire rentrer en France et n'y parvenant pas, nous décidons d'aller la chercher à Vintimille en Italie. Nous partons Jean-Louis, Virgil et moi en voiture. Arrivés en Italie nous attendons Yasmine et son oncle sur le quai de la gare. Ils arrivent, nous faisons connaissance, nous partons dîner tous les 5 au restaurant. Yasmine nous connait un peu plus. Puis nous raccompagnons l'oncle au train, restant tous les 4 sur le quai de la gare. Yasmine se sent un peu perdue, elle commence à pleurer, alors Jean-louis et moi la tenant chacun par la main partons en dansant et chantant à tu-tête : Il était un petit homme, pirouette, cacahuète...
Yasmine chante avec nous, joyeuse. Je revoie Jean-Louis avec ses grandes jambes les balançant comme l'épouvantail dans le magicien d'Oz. Il chantait faux !...
 Nous reprenons la voiture, elle s'endort, nous passons la frontière, un peu tendus tous les 3, ayant prévu de la faire passer pour mon fils si d'aventure un douanier voulait faire du zèle. 
Quand nous avons téléphoné à Kamel et Nadia pour leur dire que tout c'était bien passé et qu'il aller retrouver Yasmine dans quelques heures nous les avons entendus pleurer de joie. Nous étions heureux nous aussi. 
Voilà je vis encore ces instants quand je  raconte cette histoire.