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Carmaux ou le rêve socialiste



Je reviens de Carmaux (peut-être pour la dernière fois) pour l'enterrement de ma mère.
Cette ville minière terreau du rêve socialiste, patrie de Jean Jaurès, aujourd'hui abandonnée et sinistre ne l'a pas toujours été.
Dans les années 60, nous étions nombreux, jeunes, politisés, cultivés, contestataires, et nos ainés prompts à la grève déclenchaient des mouvements sociaux dans toute la France !
C'est dans ce contexte vivifiant que j'ai connu Jean-Louis que l'on surnommait Averel.
J'étais d'ailleurs le seul à Marseille à l'appeler ainsi et notre complicité "d'exilés" venait de ce lointain vécu commun.
Ici, à Marseille, nous nous croisions fréquemment dans les vernissages et les diverses manifestations artistiques et poétiques où Jean-Louis était reconnu, apprécié et craint parfois pour ses jugements définitifs.
C'est ainsi que j'ai su, de la bouche de plusieurs amis communs, qu'il m'aimait bien, mais (il eut la franchise de me le dire) ne comprenait pas mon travail de sculpteur : il pensait (c'était son mot) que mon boulot était "soviétique" !
Je comprends cette approche, la lourdeur de mon travail l'autorise, mais je crois aussi que son appréciation était parasitée par ce qu'il savait de mes origines de classe et mon passé carmausin ...
Il manque à tous les copains, dans cette ville qui se fout de tout et où, si vous disparaissez 15 jours, vous n'avez jamais existé.
Au moins il ne verra pas le fiasco de Marseille Provence 2013 ! ... Mais nous, malheureux que nous sommes, si !
Adieusiatz, Averel !

JF Coadou