je me souviens...


Jean-Louis
Averell,

Je suis sur que tu aimais Georges Perec, peut-être parce qu’il aimait écrire l’impossible, comme toi. Et je me souviens de « je me souviens » qu’il avait un peu pompé sur « I remember ».
Je vais pomper, à mon tour.
Je me souviens d’un pantalon de gros velours, vert bouteille, acheté au Pas de la case, et je voulais le même parce que j’aimais ton élégance de dandy.
Je me souviens de tes scarifications après ton plongeon dans le port de San Antonio d’Ibiza. Bien avant David Gueta. Nous étions toujours en avance.
Je me souviens de la tête du forgeron de St Lary quand tu lui demandais de souder la clef de la frégate, cassée en deux et qui avait tracté la caravane glaciale ou nous avons bu du granité de St Emilion. Quel froid !
Je me souviens de la prison de Pampelune ou tu as séjourné avec un trapéziste américain et d’autres clochards célestes.
Je me souviens de l’exposition de tes dessins chez Nicole Touzet, prof de philo à Carmaux, ex de la gauche prolétarienne. Et nous avions bu beaucoup de vin et mangé du saucisson !
Je me souviens que nous avions partagé un duvet dans un champ d’Ibiza. Encore !
Je me souviens d’une de tes seules visites à Montsalvy quand tu nous avais raconté les pratiques sexuelles de ta fiancée de l’époque.
Je me souviens de « Ubu Roi » que tu as rebaptisé « J-F Roi » dérobé par un Elvis quelconque dans une bibliothèque anglaise pour une Patricia quelconque puis dérobé par toi chez de « faux libérés » et que tu m’as offert pour un anniversaire.
Je me souviens du dessin envoyé pour la naissance d’Emma, ciel plein d’oiseaux de bon augure sur fond de gare de Limoges. (Et je le possède toujours, dans un nouvel encadrement).
Je me souviens de la bagarre de sauces à fondue pour l’anniversaire de Caïto, rue Méjane, je crois, là où tu sculptais des dents de plâtre.
Je me souviens de ta passion d’un temps pour les bateaux à voile et de la caisse de champagne que tu me dois pour ne pas avoir passé le Horn avant 50 ans. On la boira ensemble, là-haut, un de ces jours.
Je me souviens des soirées de Jolimont… et de ton carnet d’adresses qui ma valu convocation chez les flics.
Je me souviens d’avoir fréquenté avec assiduité ton blog .Un régal.
Je me souviens de la mandarine, montée sur un socle de bois que tu m’avais offerte pour un de mes anniversaires. Comprenne qui voudra.
Je me souviens des razzias dans le frigo de la rue du gaz, de retour du Valadier.
Je me souviens que nous nous sommes perdus de vue depuis longtemps avec la parenthèse du mariage de Caïto et de l’anniversaire de Joël.
Je me souviens du mail de Caïto, reçu à St Jean de Luz où je partage mon temps et de la sombre journée qui a suivi. Tu y serais bien. Et depuis -oh, pas tous les jours, quand même- je me souviens.
Je t’embrasse,
Jeff.

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