Georges Guye met la jambe




Jean Louis MARCOS est mort le vendredi 28 septembre dernier.
Vous ne verrez pas ce soir la haute silhouette élégante, chapeautée d’un panama ou d’un feutre marron à large bord, saluant Un Tel, esquivant Un Autre mais prenant son temps pour regarder les sculptures et les peintures exposées.
La fréquentation des œuvres d’art, c’était la coterie qu’il s’était choisie. S’il suivait avec constance les travaux des artistes de sa génération, il adorait découvrir les jeunes artistes dans leur atelier.
Bien sûr, il s’intéressait à la matérialité de l’œuvre et à ses significations, mais je crois que ce qui lui plaisait le plus c’est le tremplin qu’elle lui offrait pour retrouver ses références préférées : archéologiques, mythologiques, historiques, géographiques…
Quand on engageait la conversation il ne tardait pas à rejoindre les peintures des Grottes de Lascaux ou d’Altamira, les sculptures africaines ou les peintures aborigènes.
Mais c’était après coup, dans ses articles, qu’il donnait l’ampleur de sa sensibilité et de son aisance de cosmonaute de l’espace artistique.
Aussi c’est avec surprise puis jubilation que je découvrais les fulgurances exotiques élaborées à partir de mes sculptures que pour ma part je trouvais réalistes et ancrées dans la vie quotidienne.
JE CITE : « Georges Guye est un artiste qui met la jambe. »
« La sculpture Rolling Stone est une grande sculpture érotique. Depuis que je la connais je la surnomme « la Grande Foufoune Duchampienne ».
« Les sculptures « Corps à Corps » sont la poursuite d’une ancienne tradition de l’histoire de l’art. Il existe en effet des peintures rupestres de lutteurs qui ont 5000 ans, dans les cultures d’Akkad et de Sumer. »
« Ainsi Georges Guye fait-il remarquer que ses érotiques n’ont aucun problème de stabilité au sol non plus que de socle. EROS se passe de socle, il est le socle du monde. »

Pour en savoir plus sur ces raccourcis vous pouvez consulter le petit recueil de textes disponible dans la galerie.
Nombreux sont les artistes et les amis ici présents qui pourraient témoigner d’autres de ces exercices de haut vol que Jean Louis exerçait sans filet.

Jean Louis nous accompagnait souvent dans nos balades dominicales sur les sentiers du Mont Olympe et de la Sainte Victoire, dans les collines du Contadour et de Puimichel. Il marchait pour le plaisir, plan-plan, en véritable épicurien.
Il trouvait toujours un copain compatible avec sa passion pour les Dogons, un autre pour partager son enthousiasme pour les dernières découvertes archéologiques valorisant la civilisation gauloise, un 3ème à qui narrer une de ses nombreuses conquêtes féminines ; un autre enfin à qui communiquer ses recettes sur la « queue de toro en gelée » ou les « anchois au vinaigre ».
Au casse croûte, il adorait partager le délicieux gâteau au chocolat qu’il avait cuisiné la veille et artistiquement coupé en petits pavés, qu’il distribuait avec l’onction de qui présente l’hostie.

Il excellait dans les performances présentées à l’occasion des fêtes d’anniversaire.
Je me souviens de « l’enlèvement de Galatée » mis en scène avec Laurence Michoulier, Max Sauze et Géo Viale.
Je me souviens de ce conte d’après Roland Dubillard qu’il avait mis en images : « La Poire, Georges et la Fourmi ».
Je me souviens aussi de ce texte mélancolique sur la mort.
Il disait qu’on n’élève jamais assez le niveau et qu’il ne fallait pas avoir peur de faire long et un peu chiant.

L’évocation de ces souvenirs personnels ne doit pas oblitérer ses activités professionnelles talentueuses et attachantes : ses articles dans le Provençal dimanche, ses chroniques de blogueur « 7000articulations », ses films de la série « Palabres » réalisés avec Alain Duffaut.
Pour en savoir plus, je vous dis : A vos Ipod et autres Ipad.
Pour moi ce sera tout pour aujourd’hui.
SALUT A TOI JEAN LOUIS.

Vauvenargues le 13 Octobre 2012 – à l’occasion du Vernissage de l’exposition « Paysages et Broussailles »

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